Si je venais à mourir demain je ne voudrais pas que mes proches pleurent, surtout en public.
A part les personnes qui ne m’apprécient pas trop, ceux-là ça ne me dérange pas qu’ils pleurent.
Quant aux autres, j’aimerais les voir sourire … Non pas parce que je ne suis plus, mais bien parce qu’ils savent se remémorer les bons souvenirs passés en ma compagnie.
Je pense que je vais manquer à quelques personnes … enfin je crois. De toute façon je ne pourrai pas le vérifier. Imaginez-vous que tout le monde fasse la fête le jour de ma mort parce qu’ils se sentent soulagé !
Oui c’est possible … Maintenant que j’y pense, je crois qu’il y a quelques hypocrites dans mon entourage. Même peut-être tous … Et bien rien que pour ça je ferai en sorte de vivre longtemps pour les voire tous crever.
Et le jour de leur enterrement j’irai avec un grand sourire et juste au moment où ils feront descendre le cercueil j’applaudirai comme on applaudirait de joie.
Je repartirai avec un rire vindicatif et je crierai haut et fort : « Au suivant »
Je serai en quelque sorte un tueur en série qui attendra que la nature fasse mon travail et je me réjouirai du fruit de ce travail.
Je porterai des lunettes de soleil même en plein hiver, histoire d’avoir l’air d’un tueur à gage.
Mon regard sera menaçant et fera refroidir plus d’un.
Je ne demanderai plus comment ça va … je me questionnerai sur l’espérance de vie de chacune de mes connaissances.
Ma lecture préférée sera les colonnes nécrologiques … que du plaisir. Toujours à l’affut du moindre nom que je pourrais connaitre.
Ahhhhh ils me faisaient tous croire qu’ils m’aimaient bien et qu’ils seraient peinés si je venais à mourir et bien rira bien qui rira le dernier.
J’irai toutes les semaines chez mon médecin pour m’assurer que mon état de santé me permettra de vivre le plus longtemps possible.
Dans ma tête je les aurai tous tué une bonne centaine de fois, certains en les torturant au fond d’un cave humide et d’autres camouflant leur mort par un accident ou un suicide.
Ce matin en animant l’atelier d’écriture et en leur rendant leur petit sourire hypocrite à tous les membres, j’ai dû m’isoler une bonne douzaine de fois pour aller vomir tellement ils me dégoutaient tous.
Je revois encore Cécile avec son allure sexagénaire en pleine forme … Active comme un vibro dans une prison pour femme. Quel pied si je pouvais lire en première page qu’elle s’est faites assassinée par un psychopathe munis d’un marteau et d’une faucille.
Henry avec son air bon enfant toujours à nous relancer avec ses histoires d’Algérie … Je le verrais bien pris en otage par une bande d’islamistes à longue barbe chantant des menaces dans une langue incompréhensible et finissant par l’égorger en bonne et due forme.
Dominique ahhh Dominique ! Je la verrais bien intubée par le tuyau de son aspirateur faisant remonter ses tripes et remplissant son sac jusqu’à le faire déborder.
Isabelle avec ses gâteaux et ses petites attentions, je devrais faire pareil en lui proposant une tarte à l’arsenic.
Raymonde et son accent du sud – les criquets, les cigales et compagnies ….. Je la choperais par ses cheveux blonds, la trainerais jusque dans le sud et lui remplirait la pense de ces cigales et autres insectes jusqu’à ce qu’ils lui bouffent tout son intérieur.
Nastasia et ses origines grecques à deux balles. Le berceau de la civilisation avec leurs dieux innombrables, incestueux. Du santa Barbara mythologique. Je la verrais bien se faire transpercer par la foudre de Zeus, déchirer par le trident de Poséidon et finalement bruler par les flammes d’Arès.
Quant à moi je mourrai tranquillement dans mon lit tout douillet et je ne souffrirai pas. Je mourrai avec le sourire en bouche, le visage apaisé et habillé d’un luxueux pyjama.
Tout compte fait, ça fait du bien de mourir et de voir mourir les autres, n’est-ce pas ?
